Compte-rendu de l’ultra-trail de Gaël : la HOT du Père Noël
Gaël Nelz Moreau a participé le 18 décembre à la HOT du Père Noël aux Herbiers. Il nous livre son retour d’expérience afin que nous puissions revivre avec lui cet ultrra-trail.
Encore un grand BRAVO pour ce grand challenge !!!
« Qui n’a jamais rêvé de décrocher la HOT du père noël ? HOT, pour « Herbiers Original Trail », qui est un ultra-trail se déroulant en Vendée, aux Herbiers. 133 km, 2400 D+. Et pour pimenter le tout, un départ à 20h.
Je scrute cette course depuis 2019, période à laquelle je me suis décidé à m’inscrire à une course de plus de 100 km. Après une année 2020 blanche en compétitions mais qui m’aura cependant permis d’augmenter progressivement l’entrainement, je participe successivement en 2021 à l’Ultra trail des monts d’Arrée en juin (85 km) puis au Grand Raid des Pyrénées (120 km) en août. Ces 2 premières expériences du « Long » me donnent des indications sur les erreurs à ne pas commettre et les aspects à améliorer. Aussi en septembre, la décision est prise : je vais m’inscrire à la HOT du père noël et j’ai 4 mois pour être prêt. Je m’inscris aussi à quelques courses locales, où, oh surprise !, je me classe à un niveau jamais atteint auparavant. Je ne m’explique toujours pas cela… Toujours est-il que ces résultats me donnent beaucoup de confiance, et confirme le fait qu’il faut vraiment croire en soi.
Ma préparation se passe excellemment bien. Je pars donc de Brest, le samedi matin, motivé, content de partir à l’aventure, et armé d’une forte envie d’en découdre. Je n’ai pas de pression, j’ai l’ambition de finir dans les 20 premiers, ce qui va déjà être dur. En effet après avoir analysé les forces en présence, il y a du beau monde. Pour cause, la HOT est la dernière course du circuit à rapporter 5 points ITRA permettant de s’inscrire à l’ultra trail du Mont Blanc, ce qui fait que de nombreux coureurs viennent pour cette raison. D’autres concurrents visent les 800 points ITRA permettant d’obtenir une place élite à l’UTMB et donc éviter le tirage au sort : Pour cela ils visent un temps de 12h30. Une folie à mes yeux, moi qui espère boucler l’affaire en 16h00 (sans aucune idée du caractère faisable ou non de mes prévisions, mais 16h00 signifie arriver à midi, pile pour l’apéro J).
Après 4 heures de route, une petite pause chez la belle-famille à Nantes, me voilà sur place. Il fait un froid polaire mais très beau, et la pleine lune facilite la vision. Contrôle des sacs puis départ en car vers le départ, l’arrivée étant délocalisée de quelques kilomètres. Nous attendons environ une heure dans une salle à une centaine de mètre du départ. Il est temps de partir, on sent une certaine tension chez les coureurs. Le départ est donné au centre-ville des herbiers où le 1er kilomètre s’effectue à petits pas derrière un père noël. On fait le tour du marché de Noël, il y a foule. C’est vraiment un très beau départ.
Puis le père noël s’écarte et déjà ça part vite, les 1ers faisant du 15 à l’heure ! Après 2/3 kilomètres je trouve mon rythme, qui est élevé et qu’il faudra tenir sur les 30 premiers kilomètres. Nous sommes un petit groupe de 6 et je commence à sympathiser avec un coureur. Je lui demande son nom : David Marais. Je le connais de réputation et je lui dis alors que j’ai dû partir un peu trop vite pour être avec lui ! Il gagnera l’épreuve mais ça, ni lui ni moi ne pouvions alors l’imaginer.
On nous informe que nous sommes 14 ème. C’est déjà une énorme surprise pour moi, et à ce moment je signe immédiatement pour cette place à l’arrivée. Il fait toujours aussi froid et il y a beaucoup de vent. Mais je suis content, je suis bien couvert et je n’ai ni trop froid ni trop chaud. On discute avec le petit groupe, c’est sympa. Par contre le début du parcours, jusqu’au 30ème km, est roulant et ça va vite. Il faut faire attention où on pose les pieds pour ne pas se blesser. On passe le 1er ravitaillement au km 22, notre petit groupe diminue. On rattrape des coureurs, certains boitent car ils se sont fait mal, d’autres ont mal au ventre. Sans trop s’en rendre compte on arrive à 3 au ravito du 45 ème et on nous annonce qu’on est 6/7/8ème. On a une demi-heure de retard sur Julien Cougnaud et un quart d’heure sur Louis Sorin, deux des grands favoris. On repart à 3. Je commence à avoir mal aux jambes et je me dis intérieurement que ça va être dur de faire encore 85 km…. Au 55ème kilomètre, David se détache, je lui dis que je ne vais pas le suivre, trop peur d’exploser ! Je suis seul car j’ai décroché l’autre concurrent. Et d’être seul ça me fait le plus grand bien. Je sors mes bâtons et je peux suivre mon propre rythme. C’est la nuit, on se rend moins compte du dénivelé. Les kilomètres défilent, Il n’y a aucun bruit, seuls le faisceau de la lumière et les petits fanions fluorescents sont là pour m’accompagner. J’arrive à la base de vie (km 65), avec toujours une très bonne ambiance des bénévoles. Encore une fois, il faut vraiment remercier toutes ces personnes, lesquelles ont un sacré courage de donner de leur temps en pleine nuit.
Je suis 5ème, incroyable. Je me change, et reste un peu plus d’un quart d’heure, le temps de bien récupérer. J’ai trouvé mon rythme sur les ravitos : soupe, saucisson, rillettes, jambon, quelques abricots secs et un verre de coca. Cocktail qui aura fonctionné à merveille, je n’ai eu aucun problème gastrique de toute la course ni aucun problème d’hydratation.
Je repars, toujours seul. Il me reste encore la moitié de la course à faire. De basculer dans la seconde partie fait du bien mentalement car je me dis alors qu’il me reste moins de chemin à faire que ce qui est déjà accompli. La deuxième partie de la course est beaucoup plus dure, c’est là que se trouve la majeure partie du dénivelé. Il doit être dans les 3 heures du matin, et un épais brouillard arrive, on ne voit pas à 10 mètres. Il fait toujours froid, et je m’applique pour ne pas perdre de vue les fanions m’indiquant la route. Je suis au 80ème km, le stress du résultat commence à me gagner, je regarde souvent derrière moi, de peur d’être rattrapé, car je vais forcément être rattrapé !!! je décide alors, pour la 1ère fois, de regarder l’application des résultats sur mon téléphone. Nous sommes en effet équipés d’une puce GPS et on peut donc voir sur le tracé où se trouvent les concurrents. Je découvre alors que j’ai une grande marge d’avance sur le 6ème (une bonne demi-heure). Je vois aussi que les 4 premiers sont ensemble, loin devant. Je me dis donc que, sauf défaillance, je devrais pouvoir garder cette place. Je calme un peu le jeu pour préserver mes forces, je ne veux surtout pas avoir de crampes et souhaite garder ma position jusqu’à la fin. Je marche dans les fortes côtes et courre toujours le reste du temps, j’arrive encore à relancer en haut des bosses. Je jette un nouveau coup d’œil à l’application et je vois que je reviens sur le 4ème. Je le rattrape un peu plus tard dans un bois, il est « dans le dur ». Pris d’euphorie, je baisse ma garde et au puy du fou je me rends compte qu’il n’y a plus de balisage ! Je me suis perdu, et j’ai une grosse côte à remonter pour retrouver le circuit. J’ai reperdu ma place …J’enrage mais je me dis que ce n’est pas grave. Je redouble de nouveau le 4ème et j’arrive au ravito, au km 107. Là énorme surprise, je vois Louis Sorin que je pensais en tête. On discute il me dit qu’il n’est pas bien, et qu’il a mal au genou. Je repars 3 minutes derrière lui, et le rattrape rapidement. Il m’explique qu’en tête il a été trop vite et qu’il paye maintenant ses efforts. En plus son genou lui fait mal. J’ai mal pour lui. Il décroche donc rapidement. Je suis 3ème ! Entre le 107ème et le 125ème, c’est la partie la plus rude du parcours. Un enfer : des énormes côtes suivies de grosses descentes techniques, une multitude de prairies avec des touffes d’herbes en côte à traverser, c’est dur de courir mais il faut relancer dès que cela est possible. Je gère tranquillement mon avance, je me sens bien. J’arrive au dernier ravito. Il me reste une très grosse montée puis les 4 derniers km sont en descente ou en plat. Je monte tranquille puis effectue les 4 derniers à un bon rythme car l’application de suivi ne marche plus et j’ai toujours peur de me faire rattraper ! Je vois l’arrivée, le j’entends mon nom au micro. L’arrivée est triomphale, il y a beaucoup de monde. J’ai envie de pleurer, conséquence de la fatigue et du trop plein d’émotions, m’apercevant que tous mes efforts ont payé et que cette fois c’est sûr je vais la décrocher la HOT du père noël ! 135 km, 3100 m de D+ en 15h32. Une épopée fabuleuse : toutes les planètes étaient alignées pour moi en ce 19 décembre 2021. Joyeux noël à tous et à l’année prochaine ! »